Le 6 juin dernier, Léon Gautier se trouvait aux côtés du président Macron pour honorer le Commando Kieffer qui, 79 ans plus tôt, débarqua sur la plage de Sword Beach [Colleville-Montgomery – Normandie] lors de l’opération Overlord. Et il était le dernier survivant de ces 177 combattants français. Malheureusement, il vient de nous quitter, à l’âge de 100 ans. 

Né le 27 octobre 1922 à Rennes, Léon Gautier est apprenti mécanicien quand éclate la Seconde Guerre Mondiale. Son jeune âge ne lui laisse qu’une possibilité : s’engager dans la Marine nationale. Il est alors recruté en tant que canonnier et prend part à la défense du port de Cherbourg à bord du cuirassé Courbet.

Alors que le maréchal Pétain a demandé aux troupes françaises de cesser le combat, le Courbet met le cap vers le Royaume-Uni. Saisi par les autorités britanniques après la signature de l’armistice [22 juin 1940], le navire sera rapidement remis aux Forces navales françaises libres [FNFL]. Après s’être engagé au sein de ces dernières, Léon Gautier est d’abord affecté à bord d’un cargo assurant la liaison entre les deux rives de l’Atlantique. Au cours d’une traversée, il est le témoin d’une attaque de sous-marins allemands [les U-Boote], lesquels coulèrent plusieurs navires. L’impossibilité de porter secours aux marins perdus en mer le marquera profondément. 

Par la suite, Léon Gautier sert à bord du croiseur sous-marin « Surcouf » jusqu’en janvier 1941. Puis il rejoint une unité de fusiliers-marins. En 1943, il a vent de la création d’une unité d’élite britannique ouverte aux volontaires français. Il tente alors sa chance et réussit le redouté [et redoutable] stage commando d’Achnacarry [Écosse]. Il intégre alors la Troop 8 du 1er bataillon de Fusiliers Marins Commandos, commandé par le capitaine de corvette Philippe Kieffer. C’est ainsi qu’il débarquera en Normandie aux côtés de ses 176 camarades, avec l’objectif de s’emparer du central téléphonique et du casino de Ouistreham.

Après 78 jours de combat en Normandie, les survivants du commando Kieffer retrouvent le Royaume-Uni afin de préparer la suite des opérations, notamment aux Pays-Bas. Mais le quartier-maître fusilier Gautier n’y participera pas, à cause d’une blessure malencontreuse à une cheville.

La guerre terminée, et ayant épousé Dorothy, rencontrée en 1943, Léon Gautier s’établit en Angleterre et occupe un emploi de chef d’atelier. Puis, employé par la Compagnie française de l’Afrique occidentale, il part travailler au Cameroun et au Nigeria. De retour en France, et après avoir fait des études de droit, il devient expert en automobile. Puis, en 1992, il s’installe à Ouistreham et dirige un musée dédié au No. 4 Commando. 

« Nous ne sommes pas des héros, nous n’avons fait que notre devoir », se plaisait-il à dire.

Grand officier de la Légion d’honneur, Léon Gautier était notamment décoré de la Médaille militaire, de l’Ordre de de l’Empire britannique, de la Croix de guerre avec deux citations, de la Médaille de la Résistance, de la Croix du combattant volontaire, de la Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre. Un hommage national lui sera rendu, a annoncé Romain Bail, le maire de Ouistreham.

SOURCES :

https://www.dday-overlord.com/bataille-normandie/portraits/france/leon-gautier

OPEX 360

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