L’incroyable défi d’Antoine et Kellian, commandos marine

Antoine et Kellian

⚓🗡➡️ Sons of Achnacarry, Antoine et Kellian, à peine 50 ans à eux deux, vont rallier cet été le berceau des commandos marine français, en Écosse, à leur maison mère lorientaise.

2 150 km en kayak, à la seule force de leurs pagaies.Antoine et Kellian ont servi l’un au commando Trépel, l’autre au commando Jaubert.

Tous les jeux de mots ne se valent pas. Celui qu’ont choisi Kellian et Antoine pour baptiser leur audacieux défi, lui, tombe à pic. Allusion à la célèbre série télévisée « Sons of anarchy », qui dépeignait une troupe de motards dans les États-Unis des années 2010, les deux jeunes gens ont choisi « Sons of Achnacarry ».

Pour marquer très simplement leur appartenance à une longue lignée, celle des commandos marine français, dont le berceau se trouve dans un château des highlands écossais.

Un saut dans l’Histoire s’impose, Achnacarry

En 1942, parmi les Français qui ont rejoint la France libre, une poignée se regroupe autour d’un officier de marine, Philippe Kieffer. Ils veulent rejoindre les forces armées britanniques, notamment ces petites unités légères et mobiles, qui font beaucoup de mal à l’ennemi en se faufilant, en tout petits « commandos », dans les lignes adverses.

Les Français suivent une formation intense aux côtés des troupes d’élite britanniques, au château d’Achnacarry, au nord de l’Écosse.

Le 6 juin 1944, les 177 du commando Kieffer sont les seuls Français à participer au débarquement sur les côtes normandes.

Rêve d’enfant brisé

Automne 2016. Depuis ce stage commando impitoyable, acte de naissance des commandos marine français, ses membres brevetés portent le célèbre béret vert, à l’anglaise, avec l’insigne à gauche. Les sélections pour intégrer cette unité d’élite, fondées sur les mêmes épreuves qu’en 1942, sont toujours aussi redoutables.

C’est là, entre un parcours jungle et une plongée nocturne dans la fameuse « cuve », à Lorient, que Kellian et Antoine tissent des liens indestructibles. Brevetés ensemble, le premier est nommé au commando Jaubert. Il connaît la maison, fils de commando lui-même. Le second rêve du béret vert depuis l’âge de 13 ans. « Je trouvais l’histoire de ces hommes tellement noble », justifie-t-il. Ce Vendéen part servir au sein du commando Trépel.

À eux les missions les plus périlleuses des forces spéciales françaises. Mais, trois mois plus tard, le rêve d’enfant d’Antoine se brise. Un accident le contraint à se faire amputer d’une jambe. Après un épisode de coma, le réveil est violent : « Avec une jambe en moins, les commandos, pour moi, c’était fini ». Un « deuil » doit se faire, un virage à 180 degrés s’opérer. Antoine reprend des études, en alternance, dans l’aéronautique. Puis, peu à peu, ce passionné de sport reprend une activité, s’adapte à l’exercice avec un membre en moins.

Des Hébrides à Lorient en passant par Liverpool, Londres, Ouistreham

Pourtant, au fond de lui, le besoin d’aventure et de dépassement persiste. Les liens avec la famille des bérets verts ne se distendent pas. « Avec Kellian, on est partis randonner en montagne l’été dernier. En revenant, j’ai pensé à l’Écosse, que je ne connaissais pas. Et, d’un coup, ça a fait tilt : et si on ralliait Achnacarry, le berceau de nos aînés, à Lorient ? » Étude de carte, comme en « topo », où les deux se sont déjà retrouvés en binôme.

Partir du château, rallier un bout de mer des Hébrides, faire du longe côte jusqu’à Liverpool, y retrouver la Tamise, traverser l’Angleterre jusqu’après Londres, puis la Manche au niveau de Douvres, longer les côtes normandes. Commémorer les faits de guerre des 177 à Ouistreham, où ils avaient pour mission de reprendre le casino, récupérer la Rance à Saint-Malo, puis la Vilaine jusqu’à Arzal (56), longer à nouveau les côtes sud bretonnes, pour arriver à la maison mère, à Lorient.

Objectif solidaire

Pour ces « sons of Achnacarry », le parcours vaut pèlerinage, mais pas uniquement.

Si leur objectif, outre ces 2 150 kilomètres à la rame avalés entre 40 et 50 jours d’efforts, est de retracer le parcours de leurs anciens, il est aussi solidaire. « Nous espérons recueillir des fonds pour Entraide Fusco », détaille Kellian. Cette association, à peine un an d’existence, se veut solidaire des blessés ou des familles de commandos en difficulté. Entre 1942 et 2021, les temps ont changé. La pandémie de covid obligera peut-être les deux compères à revoir leur calendrier : ils ont prévu de partir cet été mais rien n’est encore certain. Hormis une chose : l’étincelle de noblesse et de folie de leur projet, leurs anciens ne la renierait pas.

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